Des contaminants, des microorganismes pathogènes, des micropolluants…

Et du fer dans mon puits ou mon forage !

Quels sont les signes d’une eau trop ferreuse ?

Les premiers indices sont essentiellement visuels. Lors de l’aspersion des plantes, des cultures, de la végétation, les feuilles prennent une couleur rouille, orange.

Les abords (murs, terrasses, bordures, pavés…) se tachent également de cette couleur rougeâtre indélébile. A l’usage domestique, on peut constater pareillement, sur les surfaces des lavabos, des éviers, des baignoires et des douches, la présence de taches orangées et noires, jusqu’à certaines fois l’apparition d’un film gluant rougeâtre dans la cuvette des toilettes, provoqué par la présence de bactéries de fer.Tout comme, sur la vaisselle, le linge et les vêtements, après les avoir lavés, apparaissent des traces ocres. Pour s’en assurer, quelques tests simples :

  • Remplir un seau d’eau. Un fort dosage en fer « cristallise » la surface.
  • Quand on chauffe l’eau, elle donne une couleur de rouille.
  • L’eau ferrugineuse se reconnaît par son goût « métallique » désagréable

Coloration d’un muret par l’aspersion d’eau ferrugineuse

 

D’où provient ce fer ?

En France, beaucoup de zones géographiques, comme la Bretagne, l’Auvergne Rhône -Alpes, l’Occitanie… ont des sols riches en fer et disposent de nombreuses sources qui contiennent du fer en solution (Fe2+).
Le fer est souvent présent à l’état naturel dans les puits profonds ou l’eau souterraine possède peu, voire pas du tout d’oxygène, ainsi que dans les régions où l’eau coule à travers des sols riches en matières organiques.
Il provient le plus souvent d’une dégradation progressive de certaines roches, elles-mêmes riches en fer (et en manganèse), mais aussi de sources artificielles comme le cuvelage des puits ou forages, les canalisations, les pompes, les réservoirs en fonte ou en acier pouvant être en contact avec de l’eau.
Les effluents industriels, les eaux d’exhaure acides, les eaux usées ainsi que les lixiviats ,provenant des sites d’enfouissement des déchets, peuvent également contribuer à la présence de fer dans les nappes phréatiques.
L’eau chargée en fer arrivant à l’air libre, ce Fe2+ est oxydé en Fe3+, et précipite sous forme d’hydroxyde de fer, Fe(OH)2, appelé plus communément la rouille.
C’est ce qui forme alors des concrétions colorées rougeâtres… couleur de la rouille.

Quels sont les risques d’une eau ferrugineuse ?

Pour la santé, la quantité de fer recommandée dans l’eau est de 0,2 mg/L.
Il faut ici faire la différence entre une eau riche en Fer et une eau ferrugineuse.
Quand elle dépasse la limite de 0,3 mg dans l’eau domestique, elle est impropre à la consommation et cela est néfaste pour la santé.

Si l’on boit une telle eau, elle peut nuire aux cellules de la peau, causer du diabète, des nausées et des problèmes d’estomac.
Elle peut également entraîner des problèmes au niveau du foie, du pancréas et du cœur.
L’excès de fer est parfois à l’origine de certains cancers et peut aussi causer des pathologies neurodégénératives.

Si l’on se douche avec une eau trop ferrugineuse, elle entraîne l’obstruction des pores de la peu, ce qui favorise l’accumulation de sébum, au risque de contracter des pathologies comme de l’acné et de l’eczéma.

Enfin, si le fer peut altérer la qualité de l’eau par le développement de microorganismes la rendant non-potable, il est aussi responsable de bons nombre de désordres :

  • La corrosion, l’obstruction et la dégradation, voire la perforation, des canalisations.
  • Le colmatage des systèmes de pompages et la détérioration du matériel de prélèvements, d’aspersion, des robinets…
  • La dégradation des puits et forages et l’impact sur l’environnement par ces vecteurs qui favorisent l’oxygénation des eaux souterraines et les dépôts d’oxyde de fer en profondeur.
  • La détérioration des électroménagers ou matériels utilisant cette eau.
  • L’altérer les surfaces sur lesquelles elle peut être projetée.

Comment réduire ou éliminer la présence de fer ?

De manière préventive, en faisant un traitement au niveau de la source de prélèvement, d’un puits ou d’un forage, avec de l’acide citrique qui va dissoudre la rouille.
C’est un acide décolmatant pour les puits et les forages anciens ayant perdu du débit, par des dépôts ou incrustations à base de sels de fer (action de bactéries ferrugineuses, rouille, etc.…) dans les massifs filtrants, les crépines, le système de pompage et la colonne d’exhaure.

Cela revient à faire « barbotter » en circuit fermé l’eau du point de prélèvement pendant plusieurs heures avec une concentration de 50 Kg/M3 d’eau présente dans l’ouvrage. Ce produit n’est pas toxique.
Il est indispensable de surveiller régulièrement la consistance de l’eau pompée car elle peut rapidement se charger de « boue d’oxyde de fer » et endommager la pompe. Il faut alors purger la colonne d’eau et recommencer l’opération de traitement jusqu’à ce qu’elle soit claire.

En dernier lieu, Il convient de nettoyer l’ouvrage en développant un pompage pendant plusieurs heures avant de le réutiliser pour l’usage domestique.
Une analyse d’eau confirmera sa qualité et son taux de fer. Voir Tests analyse eau de forage

La déferrisation est un procédé physico-chimique qui permet d’éliminer le fer de l’eau ainsi que les autres formes du Fer.
Le principe consiste donc à oxyder le Fer présent dans l’eau pour le transformer en oxyde de fer. Ce qu’il fait naturellement dans les désordres évoqués précédemment.
L’oxyde de fer étant insoluble, il a une propension à se décanter et à se dissocier de l’eau de surface qui est alors déchargée de fer. Il est aussi facilement filtrable.

Un des moyens le plus simple et le moins couteux est d’oxygéner l’eau naturellement par aération en la précipitant en sortie de pompage dans un petit cours d’eau artificiel caillouteux pour favoriser cette opération.
A l’issue de ce cours d’eau, l’eau fait une première étape dans un bac de décantation.
L’oxyde de fer se précipite au fond, alors, un second pompage de l’eau de surface peut être effectué avec une élimination du fer de l’eau ferrugineuse.
Une filtration complémentaire sur lit de sable sera nécessaire pour retenir les particules encore présentes et diminuer significativement le taux final.
Le process peut être accéléré avec l’ajout de chlore.

Ce procédé peut être dupliqué dans le cadre d’une installation « fermée », avec la mise en place d’une première cuve (avec un dispositif de purge) permettant l’oxygénation et la décantation, et, une seconde, pour le pompage et la filtration d’eau claire.

On trouve par ailleurs dans le commerce, sur le même principe, des déférriseurs simples et efficaces, mais avec aussi un coût de maintenance non-négligeable.

Le déferriseur au BIRM, produit filtrant très économique qui accélère la réaction entre le fer et l’oxygène dissous. Cela permet de neutraliser le fer dans l’eau domestique.

Dans le cas de concentration de fer trop importante, on peut ajouter des filtres MnO2.

Il existe également une technique par échange d’ions, qui consiste à traiter l’eau en continu avec une zéolithe (roche poreuse) pour éliminer le fer.

Des professionnels peuvent vous conseiller sur l’équipement le mieux adapté à votre usage, et surtout à la configuration de votre environnement de prélèvement d’eau.