Pour quelles raisons un puits ou un forage s’appauvrit en eau et devient « sec » ?
Les puits permettent de capter les eaux de surface et subissent avant tout les stress hydriques qu’imposent les saisons, le climat, les températures, le vent…
Par son volume, le puits offre une « réserve » qui dépend du niveau de la nappe dans laquelle il est établi, de sa variation de niveau, de sa productivité et de son débit.
Les forages, par leur profondeur, permettent de puiser l’eau dans les zones aquifères, beaucoup plus stables et moins enclin à se tarir.
Cependant, avec le temps et l’usage, les failles, les fractures et les « artères », par lesquelles est captée l’eau, peuvent se boucher par le dépôt de micro-sédiments, ou simplement s’assécher.
Dans les deux cas, la prolifération des ouvrages domestiques de prélèvement d’eau a pour effet de contribuer à l’abaissement du niveau naturel de la nappe, et de surcroît, conduisant à aller chercher l’eau toujours plus en profondeur par la création de nouveaux ouvrages qui amplifient ce phénomène d’assèchement.
Dans certains secteurs géographiques, les pics de consommation d’eau des particuliers, souvent pour une question de substitution ou simplement pour l’agrément d’avoir de la pelouse verte en été, dépassent ceux de nos agriculteurs.
La concentration des habitations sur les territoires (hameaux, lotissements) provoque aussi une concentration d’usage dans les profondeurs du sous-sol et impacte alors certaines nappes d’eau douce, et ce, bien souvent, en dépit de la règlementation existante.
La réalisation d’autres travaux d’ouvrages souterrains dans l’environnement proche peuvent également impacter la physionomie du sous-sol et changer le cours de l’eau (Puits ou forage voisin, chantier de construction avec dynamitage à proximité).
Que faire ?
Tout d’abord, le problème peut être « mécanique » ou « technique » avec un dysfonctionnement du système de pompage ou un colmatage des crépines et/ou de la zone de massif filtrant.
Il convient alors de procéder au nettoyage de l’ouvrage par soufflage (air-lift) et au besoin, suivant la cause du colmatage, effectuer un traitement adéquat (Argiles, fer, etc.).
– Réhabiliter l’ouvrage lorsqu’il n’est plus productif, et l’approfondir quand c’est possible. Cela impose des techniques souvent compliquées et des travaux d’excavation couteux.
– Procéder à une fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau à très haute pression afin de fracturer la roche de la zone géologique et d’augmenter les venues d’eau. Cette technique est interdite en France.
– Abandonner l’ouvrage par fermeture ou rebouchage.
Dans tous les cas, il convient alors de faire procéder, par un hydrogéologue, à une analyse détaillée du contexte environnemental et hydrogéologique, d’effectuer une inspection de l’état de la structure du puits ou du forage et de sa conception, afin de définir précisément et durablement, les modalités de protection qui s’imposent :
– La fermeture du forage ne peut être envisagée si ce dernier est dégradé.
– Des dispositions spécifiques sont à prendre s’il s’agit d’un rebouchage de puits ou forage en nappe libre, en nappe captive ou en nappes superposées.
L’abandon pur et simple de l’ouvrage et l’absence des précautions indispensables au respect de l’environnement, avec les risques de favoriser la pénétration des eaux de surface contaminées vers les nappes aquifères et l’impact néfaste sur la biodiversité pourraient être répréhensibles.
Tous les ouvrages de prélèvement d’eau souterraine à usage domestique (puits et forage) doivent obligatoirement être déclarés en mairie. Toute modification ou nouvelle création doit faire l’objet d’une déclaration de travaux prévisionnels, au moins 1 mois avant le début des travaux (Cerfa N° .13837*02).
Comment réduire ces risques ?
– Diminuer les prélèvements d’eau, puisque le problème vient de la surexploitation des nappes,
– Privilégier l’usage du service public de l’eau lors de période de stress hydrique,
– Encourager le voisinage, qui a également recours à un ouvrage de prélèvement domestique, à adopter les mêmes pratiques car chacun est responsable de la situation et contribue au surpompage de la zone aquifère.
– Diagnostiquer régulièrement l’état de l’ouvrage de prélèvement d’eau souterraine.
– Déclarer obligatoirement son puits ou son forage auprès de sa mairie pour contribuer à la gestion du partage de la ressource, et disposer d’informations capitales lors de la création de nouveaux ouvrages, par l’étude des conditions dans lesquelles s’inscrit le projet.